Cet automne, les médias ont traité de différents cas d’intimidation et de menaces à l’égard des élus.es municipaux. On se souviendra du cas de la mairesse de Longueuil, qui a reçu des menaces et a dû être placée sous protection policière. Au total, 741 élus.es se sont retirés de leur poste électif depuis la dernière élection de 2021 et cela en raison principalement du harcèlement dont ils sont, eux, elles et leur famille, victimes. Ce chiffre représente environ 10% du total des élus.es municipaux en fonction et constitue un véritable tsunami politique si on en juge encore de la pression médiatique qui s’exerce en plus sur la gente politique municipale.

Les médias font leur travail et la population des électeurs est devenue encore plus exigeante à l’égard de ses élus.es. Et puis le métier d’élus.es exige de plus en plus de transparence alors que la gestion des organismes sous-tutelle municipale est investiguée à la fois par les journalistes d’enquête mais aussi par de nombreux employés.es qui se désolent du manque de rigueur des plus hauts niveaux d’administration.

Le métier d’élu.es est devenu difficile et exige un niveau d’abnégation personnelle et un cadre de contrôle que peu de gens, aujourd’hui, sont prêts à consentir. L’élu.e n’a plus la liberté qui lui permette d’être créatif et ambitieux collectivement. On parle souvent de gouverne de proximité mais pour plusieurs cela se résume à arbitrer la cohabitation de leurs commettants.

Mais, nous le savons, la tâche d’un.e  élu.e municipal.e exige une connaissance très large des besoins requis pour assurer une qualité de vie tant en milieu urbain que rural. Que les maires et mairesses, que les conseillers.ères municipaux,les évoluent dans de grandes villes ou dans de plus petites communautés, les problèmes restent les mêmes et s’il en est, les élus.es des petites municipalités doivent travailler davantage, leur communauté ne disposant pas d’autant de ressources humaines et physiques pour gérer le quotidien. Il faut aujourd’hui des connaissances en gestion, en environnement, en aménagement, être spécialiste de la faune et de la flore, l’être en relations humaines, en travaux publics, en affaires gouvernementales; en fait on demande à ces hommes et ces femmes d’être des « superman ou des superwomen » alors qu’ils ou elles sont d’abord et avant tout des humains comme nous qui ont le goût de s’engager.

La notion du respect semble avoir disparu avec le temps. Comme citoyen ou citoyenne, je veux d’abord et avant tout satisfaire mon besoin; pour le reste, en autant que mon voisin ne me dérange pas, je m’en contente.

L’AQAÉM peut certes jouer un rôle dans la réappropriation de la citoyenneté et du civisme dans la gestion de nos communautés. L’expérience des anciens.nes élus.es acquise dans nos mandats électifs peut certes aider à éviter les écueils voire l’escalade des mécontentements manifestes des éternels insatisfaits de la gestion publique. Comprendre les limites de nos pouvoirs, apprendre à vivre collectivement, réapprendre le partage des responsabilités citoyennes sont des avenues qu’il faut aujourd’hui revisiter.

Comme anciens.nes élus.es nous avons le goût de « Servir encore » et de faire profiter nos populations communales de notre expérience et notre sagesse issue de la compréhension des systèmes de gouverne, lesquels sont devenus trop complexes.

Redevenons ensemble des citoyens.nes responsables et engagés.es.

Denis Lapointe
Président de l’AQAÉM